Pourquoi 20 ans ?
Nous sommes le 1 juin 1981, une femme de 46 ans est admise, dans le coma, à l'hôpital de Durban (Afrique du Sud). Quelques heures auparavant, cette femme avait pris le départ du "Comrades marathon" (course à pied de 90 km ). A 20 km de l'arrivée, elle ne reconnait plus son mari venu l'assister. Ce dernier réussit à la convaincre d'abandonner la course et l'amena au service médical qui supervisait la course. Assuré d'avoir à faire à un état de déshydratation comme c'est souvent le cas dans les courses d'endurance, le médecin lui administra 2 litres de fluide en intraveineuse. Mais ce traitement n'aida pas la patiente. Lors de son transfert vers Durban, la femme fut prise d'une crise d'épilepsie puis tomba dans le coma.
A l'hôpital, une radiographie révéla un œdème pulmonaire. Une prise de sang montra un taux de sel dans le sang tombé à un niveau dramatiquement bas. Le diagnostic d'hyponatrémie était posé.
L'hyponatrémie est une baisse de la concentration de sel dans le sang. Dans le cas de cette coureuse, l'origine de cette baisse était une surconsommation d'eau.
Ce premier constat fut suivi d'autres cas présentant les mêmes caractéristiques. A chaque fois, des sportifs ou des personnes actives consommaient trop d'eau au point de diluer le sel contenu dans l'organisme à des niveaux dangereux pour la santé. Dès 1985, la communauté scientifique était prévenue par l'auteur de l'article que nous rapportons : Tim Noakes. Dès 1985, nous savions et pourtant…
Entre 1989 et 1996, suite à des guides qui préconisaient de boire 1.8 litre d'eau/heure en cas d'exercice effectué à une température supérieure à 30°C , 125 cas d'hyponatrémie ont été répertoriés au sein de l'armée américaine. 6 cas au moins se sont soldés par le décès des soldats. Des soldats morts d'avoir trop bu d'eau !
La communauté scientifique savait et pourtant…
En 1996, "L'American College of Sports Medicine", une référence mondiale en matière de recommandations médicales pour la pratique physique, publia un guide qui promouvait le concept du "buvez autant que possible" pendant l'exercice. S'en suivi une campagne marketing dirigée par l'industrie des boissons d'effort pour communiquer sur ce nouveau dogme.
Depuis cette époque, les cas d'hyponatrémie se sont multipliés, les morts également. Aujourd'hui encore nous subissons cette idée selon laquelle, quand on fait un effort plus on boit, mieux c'est.
Conclusion en action : Buvons à notre soif mais pas au-delà.
Conclusion en question : Comment expliquer qu'une période de 20 ans se soit écoulée entre le moment où nous savions et aujourd'hui où nous prenons conscience du problème ? Difficile de répondre de manière simple. Pourtant, l'auteur de l'article croit savoir. En 1996, deux des principaux sponsors de l'American College of Sports Medicine étaient Gatorade et le Gatorade Sport Science Institute… Gatorade… autant dire un "magna" des boissons d'effort...
Question hydratation ou autres, serait-il possible que les intérêts de quelques industriels prévalent sur la santé des sportifs ?.